Mardi 19 mars 2024
La faune et la flore sous-marines sont très fragiles, et le simple contact avec une main (nue ou gantée) peut leur être préjudiciable. C'est bien pire encore, avec la pression d'un genou, les coups de palmes ou de blocs métalliques, sans parler de l'usage abusif du couteau de plongée... Dans l'idéal, un plongeur soucieux de ne pas avoir d'impact écologique devrait réussir à évoluer dans l'eau, sans jamais être en contact avec autre chose (sable, roche, vie benthique ou pélagique, etc.), et en veillant soigneusement à ne pas trop perturber le milieu, lors de ses évolutions près du fond ou de toutes surfaces naturelles ou artificielles. C'est possible, avec une parfaite maîtrise de son équilibrage, de sa posture et de son palmage.
La pratique de la photographie sous-marine peut amener à être encore plus absorbé, par ce que l'on fait, qu'on ne l'est déjà lors de la simple observation visuelle. Du coup, l'on peut être encore moins attentif à certains paramètres vitaux, sous l'eau : profondeur atteinte et temps déjà écoulé en plongée, pression résiduelle dans les bouteilles d'air, et durée cumulée des éventuels paliers de décompression. Un peu plus de distraction et de négligence que d'habitude, et l'on peut alors se retrouver hors limites, avec les problèmes afférents possibles : narcose et/ou essoufflement (en cas de descente trop bas et/ou d'efforts excessifs), plus assez d'air pour effectuer les paliers, hypothermie en cours, etc.
Si l'on connaît bien le coin où l'on va travailler, il est judicieux de penser à pré programmer sa plongée (profondeur, temps, emplacements des sites à exploiter) pour vérifier que l'on peut faire tenir tous les paramètres dans les facteurs limitants imposés (le principal étant normalement l'autonomie en air). Ainsi, l'on opère avec l'esprit plus tranquille, s'étant fixé à l'avance des limites à ne pas dépasser (profondeur/temps) que l'on peut même avoir préprogrammées dans son ordinateur de plongée (si on en utilise un), et qui rappellera par un signal visuel et sonore qu'il est temps d'arrêter, même si l'on aurait bien envie de continuer.
Si l'on envisage d'aborder un nouveau coin, une ou deux plongées préalables d'exploration permettront de mieux le connaître, ce qui nous renverra au cas précédent, pour la suite. L'on pourra toujours amener son matériel de prise vue, lors de ces plongées de repérage, afin de ne pas avoir le regret d'avoir raté la photo qui ne se représentera plus, mais en se forçant à ne l'utiliser qu'uniquement dans ce cas (image à ne pas manquer).
Les masques actuels, avec leurs deux vitres séparées, et surtout un moulage en caoutchouc pour la zone nasale, sont aussi confortables qu'ils sont peu esthétiques. L'on aura donc tout intérêt à équiper son (sa) modèle d'un ancien masque ovale, englobant tout le haut du visage, pour des vues où ce dernier est bien présent. L'on se méfiera aussi des cas où la tête est trop tournée latéralement (par rapport à l'axe optique de prise de vue), car alors, l'on risque le phénomène de réflexion intégrale de la lumière et d'avoir une image où le visage dans le masque est remplacé par un effet de miroir, reflétant une partie du paysage. Sauf effet intentionnel, bien sûr.
Autre problème : les panaches de bulles qui sont émis au niveau de l'étage secondaire du détendeur. Donc, juste devant la tête du plongeur. Ils peuvent faire partie de l'ambiance, mais aussi gêner. Pendant la prise de vue, le (la) modèle devra retenir sa respiration, mais le moins de temps possible (risque d'essoufflement). Certains anciens modèles de détendeurs (comme le classique Mistral, conçu par MM. Cousteau et Gagnan) avaient un clapet d'expiration de l'air, situé au niveau de la fixation du mécanisme sur la bouteille, et les bulles étaient rejetées derrière la tête du plongeur.
Ce phénomène de bulles émises peut aussi causer des déboires lors des prises de vues en macrophotographie d'animaux mobiles, qui sont effrayés par ce mouvement et ce bruit, prenant alors la fuite ou se rétractant dans leur cachette ou habitat. D'autant plus que la tête du plongeur est alors très proche et, qui plus est, que le panache se produit devant elle.
En macrophotographie sous-marine, si l'on utilise des lentilles additionnelles et qu'elles sont employées « noyées », c'est à dire baignant dans l'eau sur leurs deux faces, elles peuvent être changées an cours de plongée, ce qui permet de modifier le rapport de reproduction. Dans le cas contraire et aussi quand l'on recourt à des tubes allonges, le choix doit être fait en surface, et ne peut plus être changé, sans devoir y retourner (en surface).
A défaut d'un modèle reflex, comme appareil de photographie, le respect de la bonne distance de prise de vue ne pourra être assuré que par l'emploi de piges ou de cadres adaptés à la distance de prise de vue et à la combinaison optique de l'objectif avec les tubes allonges et/ou les lentilles additionnelles que l'on y aura ajoutés.
Une bonne connaissance des moeurs des espèces envisagées évitera de les rechercher aux mauvaises heures, niveaux de marées, saisons, endroits..., en pure perte de temps. Des capacités minimales d'identification biologique permettront de pouvoir mettre un nom sur ses « modèles ». L'on évitera le classique dépeçage d'un oursin (ou d'un autre être vivant), sous le prétexte de s'en servir d'appât pour une autre espèce. L'appauvrissement des fonds marins est déjà assez avancé comme cela, sans y contribuer un peu plus.
Certains animaux, vivant à plusieurs centaines de mètres, de jour, remontent bien plus près de la surface, une fois la nuit tombée. Invisibles quand il y a de la lumière, parce que situés trop bas, ils deviennent observables une fois le soleil couché, sans devoir aller bien loin sous la surface. N'oublions pas, non plus, ceux qui ne sortent (de leur cachette) qu'une fois l'obscurité venue.
Aucune prise de vue ne justifie que l'on traque un animal ou qu'on le mette en danger, pour l'effectuer. L'éclair du flash est toujours une agression, au moins visuelle, pour celui qui y est soumis (même pour un humain, et à plus forte raison avec un animal). L'on s'interdira aussi tout prélèvement d'espèces quelles qu'elles puissent être, même avec l'intention de les relâcher par la suite.
Il faut le dire tout de suite, elles ont fait autant sinon plus de victimes, parmi les plongeurs, que la profondeur. Quand on entre dans une épave, pour en sortir ensuite, il faudra souvent effectuer tout le même parcours, en sens inverse. En cas d'urgence (panne d'arrivée d'air), cela peut être trop long. De plus, elles regorgent d'endroits coupants et de saillants pouvant sectionner un tuyau ou le bloquer. Si elles contiennent de la vase ou du sable très fin, il se soulève avec le palmage, pouvant amener à se perdre et à ne plus retrouver la sortie, même si l'on a un éclairage à sa disposition (le fil d'Ariane, déroulé à l'aller, est indispensable). Autre piège, dans les épaves les plus rouillées : le panneau qui se déplace brusquement, ou bien la plaque du plafond qui s'abaisse, et qui viennent couper la retraite vers l'issue d'entrée. Des filets peuvent traîner dans certains cales, jouant alors le même rôle qu'une toile d'araignée géante... Se contenter de la parcourir de l'extérieur est donc fortement conseillé, en veillant à la présence possible des obstacles dont nous venons de parler (filets, arêtes coupantes...).
Ces précautions prises, il est vrai que c'est un thème très photogénique, avec son atmosphère très particulière, mélange d'une présence humaine à travers cet objet manufacturé, et des espèces endémiques qui vont vite l'adopter et de plus en plus la coloniser, pour finir par la faire totalement disparaître sous les algues et les concrétions diverses.
Les dimensions de tout navire, même assez petit, rendent normalement impossible sa « couverture » par un flash électronique. Ce qui amène à travailler en lumière naturelle, au moins pour la vue d'ensemble (si la transparence de l'eau donne une visibilité suffisante sur toute son étendue). Pour avoir des images de qualité, et de profondeur de champ suffisante, l'on pourrait envisager l'emploi d'un pied photographique (lourdement lesté), et un travail en vitesses lentes ou en pose B. Autre possibilité, le jour et surtout de nuit, faire de l'open flash, toujours en pose B, tandis qu'un plongeur déclenche le flash électronique, en divers endroits du bateau, successivement. Mais, en veillant bien à ne pas se placer entre l'éclair et l'appareil photographique sous peine d'être visible sur l'image, comme une silhouette noire. Encore une fois, sauf effet volontaire.
Qu'elles soient en eau douce ou en eau salée, elles ne doivent être abordées que par des plongeurs spécifiquement entraînés, et pourvus de matériels aussi sérieux que redondants (au moins deux bouteilles et deux détendeurs indépendants, deux éclairages, etc., par personne, fil d'Ariane, blocs de secours échelonnés sur le trajet...). Le binôme est, encore un fois, le minimum vital. En cas de problème, après une heure de progression dans des galeries inondées, il faudra aussi une heure avant de revoir la lumière, en cas de demi-tour obligé.
L'éclairage par flash électronique (ou par torches halogènes) est indispensable, cette fois ci, pour obtenir des images. Outre la prise de vues d'ambiance : boyaux, voûtes, etc., le macrophotographe pourra exercer son art sur la faune très spécifique de tels lieux. En milieu marin, il y trouvera souvent, d'ailleurs, des espèces qu'il ne pourrait pas photographier à l'extérieur, parce que vivant normalement à de bien plus grandes profondeurs, et donc hors de sa portée. Mais, dans ces lieux pourtant plus proches de la surface, elles trouvent cependant des conditions (luminosité, température de l'eau, composition des particules en suspension...), qui sont identiques, d'où leur présence.
L'ambiance souterraine terrestre est celle de lieux souvent saturés d'humidité, en dehors du milieu liquide lui-même. De ce fait, les équipements spéciaux utilisés en plongée subaquatique trouvent aussi un plein emploi dans le milieu aérien des grottes. Autre problème, peut-être plus difficile à gérer, celui de la boue, omniprésente, collante, abrasive. Elle doit être éliminée aussi fréquemment que possible, de préférence par voie humide au moyen de rinçages les plus poussés possibles.
Article réalisé d'après une contribution d'hyperfocale.